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De Dignitate Et Augmentis Scientiarum

Alius error fluit ex nimia reverentia et quasi adoratione intellectus humani, unde homines abduxere se a contemplatione naturae atque experienta, in propriis meditationibus et ingenii commentis susque deque volutantes.


Il est une autre espèce d'erreur qui découle de cette vénération excessive et de cette sorte d'adoration où l'on est devant l'entendement; sorte de culte dont l'effet est que les hommes abandonnent la contemplation de la nature et l'expérience, pour se rouler en quelque manière dans leurs propres méditations, dans les fictions de leur esprit.


Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences



Cher ami,


Comme beaucoup d'entre nous, j'écoute quasi-quotidiennement le professeur Salomon, médecin, infectiologue, et directeur de la santé publique.


L'aurais-tu entendu, toi aussi, ce mardi 31 mars ?


Je reviens sur cette date, sur ce point d'information précis, plutôt qu'un autre, car une parole retint mon attention. Que dis-je retint, elle coulât dans mon esprit comme une ancre massive coule dans les fonds marins pour immobiliser le navire tout entier.


Cette parole sortie de sa bouche, mais point de son contexte, est reprise en chœur comme une liturgie médicale, cette parole, la voici, telle quelle « Cette situation est totalement inédite dans l'histoire de la médecine française ».


Dans la situation présente, dans ce moment grave et sérieux, en cet instant qui doit mobiliser toutes les intelligences et les forces de la nation, le professeur prononce cette ineptie, et l'élite la diffuse comme un mot d'ordre qui confine à tout, sauf au génie.


Des malades, des morts, des symptômes de la maladie qui sont d'ordinaire les maux de tête, la fièvre, la toux, l'anéantissement général des forces physiques, des affections allant principalement de l'infection des poumons jusqu'au système nerveux, en passant par le cœur et les reins, une maladie bénigne seule mais dont les complications vous envoient dans l'autre monde, une maladie dont on a identifié l'agent pathogène mais dont on peine à trouver un remède efficace, une pandémie mondiale qui met à mal l'organisation de la société. Cela ne rappelle rien ? Non, rien ? Pas même vaguement ?


Nous avions pourtant déjà entendu pareil fracas en mille-neuf-cent-dix-huit.


La pandémie de la grippe chinoise, pour rappeler son origine géographique, ou, espagnole, pour reprendre l’appellation populaire, ses effets dévastateurs sur la société, particulièrement sa seconde vague de septembre à décembre 1918, ressemble à s'y méprendre, à la pandémie de Covid-19 que nous subissons aujourd'hui.


Ami, toute la valeur de la science et son utilité reposent sur le savoir de ce qui est, et de ce qui fut. Le fait d'une maladie éruptive qui nait spontanément, n'a rien qui doive surprendre un médecin qui a consulté les annales épidémiques. Comme le prescrivait dans Des Epidémies celui dont tous les médecins reprennent le serment au moment d’être admis à exercer la médecine, connaitre le passé, comprendre le présent, et concevoir l'avenir, c'est ce à quoi il faut mettre tous ses soins.


Voilà, ami, ce qui doit être fait. Pronostiquer grâce aux antécédents. Je te laisse donc ici connaitre plus en détail ce que fut cette pandémie qui avait grippé les rouages même de la société. Je te laisse observer et méditer  ce que fut hier et ce qu'est aujourd'hui. Hodie mihi, cras tibi. Aujourd'hui moi, demain toi. N'oublions pas. Jamais.


Dans les faits, les sources d'informations publiques sur cette pandémie sont aussi nombreuses que l'ampleur des impacts, pour ne pas dire des dégâts, qu'elle produisit.


Le contexte est le suivant : nous sommes en guerre, et malgré la censure active, la presse commence à titrer sur le sujet en septembre, puis, en octobre, elle distille en grande concentration dans ses colonnes des volumes d'information sur la grippe. Nous sommes en guerre, et malgré l'union sacrée avec le chef du gouvernement, un médecin aux griffes acérées, Clémenceau, l'assemblée nationale interpelle le gouvernement.


Ami, dans la presse d'abord.


Hier comme aujourd'hui, les premiers contact avec la grippe laissent perplexes. Il faut prendre la mesure de la gravité. En cela le sens des mots que les politiques, les médecins et les journalistes d'alors emploient, sont moins imprécis que ceux d'aujourd'hui. Le verbe d'alors ne poussent pas au comportement indécis. Ne nous alarmons pas, mais isolons les malades titre un article du Matin, le 19 septembre 1918. On n'a point encore identifié le virus avec certitude, mais l'on sait déjà qu'il est davantage d'origine chinoise qu'espagnole. On sait ses complications pulmonaires, cardiologiques et nerveuses, on sait qu'il faut un isolement stricte du malade, on sait que la bénignité de la maladie hors des complications, n'empêchera pas de graves conséquences en cas d'épidémie. On cherche à comparer avec les épidémies antérieures, la grande épidémie de 1889.




Hier, le 22 septembre 1918 dans le Matin, comme aujourd'hui sur BFMTV, l'on rend hommage aux médecins patriotiques, qui, bravant le danger de l'infection sont atteint par elle, jusqu'à ce que leur dernier souffle les emportent, victimes du devoir. Hier comme aujourd'hui, l'espoir est pourtant là, et on ne perd pas malgré les revers, la foi dans la science médicale.




Hier, le Comité Permanent des Épidémies, comme aujourd'hui le Conseil Scientifique, prodiguent des conseils de prophylaxie : le virus se propage par le mucus nasales ou les gouttelettes de salive projetées, en parlant ou en toussant, alors il faut se laver les mains, il faut éviter les rassemblement dans les lieux de plein air ou dans les locaux fermés, porter une compresse (comprendre un masque), il faut isoler les malades. Hier, plus intelligemment qu'aujourd'hui, on recommande également de se désinfecter la bouche, et de porter le malade à l’hôpital si l'isolement à domicile n'est pas possible en raison de l’exiguïté du logement. Hier, plus qu'aujourd'hui, les services de désinfection sont débordés de travail pour décontaminer les lieux et locaux publics. Hier mieux qu'aujourd'hui, nous avions depuis déjà deux décennies, un comité pour lutter contre les épidémies. Hier comme aujourd'hui on annule les manifestations. Ainsi que le décrit cette ancienne nouvelle du Matin du 13 octobre 1918.




Hier, comme l'énonce cet article du 15 Octobre 1918 paru dans Le Matin, le virus est identifié. Comme aujourd'hui, se pose alors la question du vaccin. développement hélas impossible dans le temps imparti par l'épidémie. Celle-ci se finira avant le temps nécessaire à l'élaboration du vaccin. L'on décide donc de mettre au point un sérum, mais quid de son efficacité dans une maladie bénigne, dont seules les complications provoquent la mort ? Non la seule véritable mesure préventive efficace, c'est l'isolement des malades et le port de masques. Hier, comme aujourd'hui, la distanciation sociale. Hier, moins extrême qu'aujourd'hui.




Hier comme aujourd'hui, le 16 Octobre 1918 comme le 02 Avril 2020, l'académie de médecine préconise de se munir de masque. Hier comme aujourd'hui elle prodigue des conseils pour s'en fabriquer. Hier, trois ou cinq épaisseur de tarlatane (le tissu employé pour appliquer les pansements et les plâtres) imbibées de liquide antiseptique. Aujourd'hui, une serviette en papier pliée en accordéon. A contrario, quand hier, les évacuations à grande distance sont prohibées pour l'armée afin de limiter la circulation de la maladie, aujourd'hui elles sont encouragées et opérée par l'armée pour répartir les souffrants selon les disponibilités de lits.



Hier comme aujourd'hui, a l'image de nos espoirs qui s'élèvent portés par les ailes de la chloroquine, un anti-paludéen artificiel, les espoirs de nos aïeux s'élevaient grâce aux ailes de la quinine, un anti-paludéen naturel. Déjà, la controverse faisait rage. Comme lu dans le Matin du 22 octobre 1918, l'on observait bien dans l'intelligence collective et locale, que les soldats sous quinine, comparativement aux autres soldats, semblaient moins atteints en nombre et en qualité par la maladie, que les autres populations. Déjà, le ministère de l'intérieur (dont la santé était un sous-secrétariat) privilégiait les voix établies et officielles en donnant la priorité, pour ne pas dire le privilège de la médecine et des études, à l'institut Pasteur. Le ministère refusait de donner la statistique officielle ou de mener l'étude qui aurait permis de valider ou invalider l'hypothèse de la quinine. Avant de céder sous la pression du parlement et de réquisitionner la quinine pour en distribuer à tous les pharmaciens. Bis repetita placent, les bonnes histoires se répètent.



Hier comme aujourd'hui, l'épidémie crée des tensions dans l'approvisionnement alimentaire. La chaine de distribution est chamboulée et cela crée des situations paradoxales. Une pénurie artificielle menace, quand bien même l'agriculture produit. Hier, des volumes d'huile s'entassaient comme aujourd'hui des volumes de lait s'entassent dans les entrepôts. Le matin du 03 Novembre 1918 relate cette étrangeté.



Hier, comme aujourd'hui, le nombre de mort est important. Hier comme aujourd'hui, on guette le pic de l'épidémie. On compare avec 1890. Entre le 10 octobre et le 17 octobre 1918, à Paris, 1700 décès sont dénombrés du fait de la grippe et de ses complications (242 quotidiens). On espère que le pic est là. Pour lutter contre la contagion, on rappelle encore et toujours les mesures barrières.



Hier, le 22 octobre 1918 à Paris, le pic est atteint, comme demain, surement le 08 Avril 2020 en France, le pic de l'épidémie sera considéré passé. Et la maladie, hier comme demain disparaitra de nos vies et des médias, aussi promptement qu'elle est survenue.




Ami, ainsi fut-il.


Comme nous l'apprennent les actualités passées, pour peu que l'on fasse l'effort intellectuel d'observer, de retenir l 'expérience, pour peu que l'on effectue cet effort qu'impose le devoir de mémoire qu'ont tous les scientifiques, de ceux qui œuvrent pour le bien commun, nous saurons que nous ne vivons pas une situation totalement inédite dans l'histoire de la médecine française.


Non moins grave que le fait sanitaire, le fait politique nous apprend, qu'hier comme aujourd'hui la pandémie, la maladie, couvrent les décisions exécutives, et par extension, législatives.


Compte tenu que que le chef du gouvernement reprend plein d'assurance le modèle fiction du directeur de la santé, observons ce que vaut sous le regard politique cette litanie « nous vivons une crise sanitaire sans précédent », qui introduisait son propos en mission parlementaire le 1er avril 2020. Sans repentir, il affirme avec la même assurance que « chacun en a parfaitement conscience ». Comme une injonction pour nier sa responsabilité politique. Sans dignité.


Non, monsieur le premier ministre, cette crise n'est pas sans précédent, et non, chacun ne se perd pas dans la même vue de l'esprit que vous. Ami, ne laisse pas cet homme s'arroger le droit d'inférer pour tous, ne nous roulons point avec lui dans les mêmes fictions de l'esprit.


Cette crise possède un précédent, non seulement médical comme nous l'avons déjà vu, mais aussi politique, comme nous verrons maintenant. Ainsi que le rappelle le journal officiel de la république du 25 octobre 1918, la nation, à travers ses représentants, s'emparait pendant une séance entière de la question et la muait  en événement, par un ordre du jour elle la muait en une crise nationale.


Ami, observons donc maintenant la politique de naguère.


C'est par une question de Lucien Dumont, un député radical-socialiste, et médecin, que la maladie passe de la santé du public à la santé publique, puis à la mise en cause du gouvernement. Hier, plus critique qu'aujourd'hui on s'interroge, malgré l'Union Sacrée, sur les mesures que prend l'exécutif. On lui reproche de produire davantage de communication que d'action. On lui reproche de ne pas désinfecter les lieux publics. On lui reproche le manque de moyens et les pénuries de produits. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?




Monsieur Fernand Merlin député de la gauche démocratique, médecin, continue les questions, devenues interpellation, du sieur Dumont. Il informe du nombre de décès imputés à la grippe, 1944 la semaine précédant la session 1700 celle d'avant. Il appelle des mesures de prophylaxies. Il déplore le délitement de la médecine civile depuis le début du conflit armé. Par la mobilisation excessive, sur 24 000 docteurs, ce sont 18 000 d'entre eux qui avaient rejoint les rangs du service de médecine de l'armée. Hier comme aujourd'hui la médecine est mise à mal. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?



Monsieur Antoine Borrel, député républicain socialiste, et journaliste, souligne le manque de moyens et de logistique qui pénalisent les médecins et les pharmaciens dans la lutte contre la pandémie, tout cela provoqué par la guerre. Le transport n'est pas efficace, les pharmacies sont dépourvues du nécessaire. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?












Monsieur Alexandre Varenne, député SFIO, et journaliste, s'indigne également des délais de livraisons qu'entrainent la guerre dans les matériels requis par les médecins. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?


Monsieur Charles Bernard, député non inscrit, et pharmacien, blâme les services compétent qui n'ont pas réagi assez tôt pour parer l'épidémie en approvisionnant la nation des moyens de luttes requis. Il reproche aussi une communication plus effective que les actions. Il reproche la perte d'industries pharmaceutiques, transformées en usines d'armements. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?



Monsieur Robert Poirier de Narçay, député républicain socialiste, médecin et journaliste, réclame la fermeture des cinémas et des théâtres, tout comme l'a fait la municipalité de Lyon, qui a vaincu avec succès l'épidémie. Il relève la possibilité d'une immunité collective mais écarte cette solution du fait de la gravité morbide de la grippe. Il note qu'il faudrait davantage de rames de métros, de bus et de chemins de fer pour permettre une meilleure distanciation sociale dans les transports. Il s'inquiète de voir au contraire le nombre de métros et de chemins de fer diminués du fait de l'atteinte de 30 % des personnels par la maladie. Il se plaint du manque de produits d'hygiène. Comme nous manquons de gel hydro-alcooliques, la nation manquait de savons et d'alcools. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?





Monsieur Marcel Sembat, député SFIO, avocat et journaliste, déplore comme nous le déplorons aujourd'hui, la perte, rien que dans la capitale, de 4800 lits d’hôpitaux depuis le début du conflit. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?


Monsieur Henri Doizy, député socialiste, et médecin, en appelle aux précautions individuelles et regrette que par ce manque de lit, on n'accepte plus les autres personnes qui ont besoin d'assistance, ce afin de conserver, comme aujourd'hui, la capacité en lits d'accueil pour les malades de la grippe. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?



Monsieur le ministre Albert Favre, sous secrétaire d'état à l'intérieur en charge de la santé, appartenant au groupe politique de la gauche radicale, et médecin de vocation répond à ces députés : toutes les mesures destinées à combattre ce fléau ne peuvent être prise dans les mêmes conditions d'efficacité et de précisions que dans le temps de paix. Hier à cause de la guerre, aujourd’hui à cause de ?


Hier comme aujourd'hui, le gouvernement choisi de ne pas fermer les frontières au début de l'épidémie. On filtre seulement les voyageurs à la frontière espagnole, refusant ceux qui présentent des symptômes. Les autres voyagent sereinement. Tant pis si ceux qui n'ont pas de symptômes apparents passent.


Hier le gouvernement consulte le conseil supérieur d'hygiène et l'académie de médecine. Comme aujourd'hui il consulte le conseil scientifique et le comité analyse, recherche et expertise. Hier ces comités existaient déjà, aujourd'hui il aura fallu les créer ex nihilo pour une mission ad hoc.


Hier comme aujourd'hui, on rappelle que les français ont une hygiène plus défaillante que leurs voisins.


Hier, point de confinement dans les mesures officielles.


Pourtant... des voix s'élèvent pour des mesures plus sévères.


Les députés Poirier de Narçay, Dumont et Merlin, reprennent la parole pour demander à cor et à cri que les excellents résultats de la ville de Lyon soient érigés en exemple. Ils demandent de décréter sur tout le territoire des mesures sévères : l'interdiction de rassemblement, c'est à dire l'interdiction des convois funéraires, l'interdiction des cultes, et la fermeture des théâtres.









Et je retiens là ton attention, ami. Si l'interdiction de rassemblement est une mesure sévère en période de guerre, qu'est ce que l'interdiction de sortir en temps de paix ?


Hier, comme aujourd'hui, c'est cette ville de Lyon qu'il serait bon de prendre en exemple, pour comprendre que le confinement n'est pas une méthode idoine, mais que la rupture de contact raisonnée, elle, est tout a fait adéquate. Le confinement, cet enfermement, cette détention, cette ignominie est une distanciation ignorante, poussant le principe de l'éloignement social à l'absurde.


Hier, dans cette situation similaire à la notre, voire pire, dans une crise sanitaire nationale en pleine guerre, ne cédant pas à la panique, le député raisonne, en mesurant tous les éléments, il observe les événements du passé, il observe les mesures efficaces.


Hier, la chambre des députés, dans ses mots propres, dans son ordre du jour, considère la gravité de l'épidémie et l'urgence de la combattre. Sans jamais céder à la folie, elle transmet sa raison, avec plus ou moins de succès, à l'exécutif. Elle critique sans rompre l'Union Sacrée. Aujourd'hui, le gouvernement, dans ses mots propres, dans son décret, voit des circonstances exceptionnelles de l'épidémie et l'urgence de la prévenir. En cédant à la panique, il contamine de sa folie, avec beaucoup de succès, le corps législatif. Il refuse la critique en invoquant tantôt l'union nationale, tantôt le caractère inédit de la situation.


Ami, la critique est une condition nécessaire à l'unité. Hier comme aujourd'hui c'est l'ingérence de tous dans une union qui lui permet de se réaliser.


Ainsi fut-il, ainsi soit-il.


Déterminons le cap que nous souhaitons franchir, observons attentivement les routes sur lesquelles nous pourrons naviguer en confiance, constatons la route parcouru et mesurons le point jour après jour, alors seulement,  nous saurons si la gouverne du navire France n'est point à la dérive.


Au motif fictionnel que « nous vivons une crise sanitaire sans précédent » le premier ministre de peut s'arroger des droits qu'il ne possède pas. Non ! il existe un précédent, et sa parole, comme sa décision de cloitrer la population confine à l'absurde.


Le don de Macron, comme celui de Poincaré n'est pas à dédaigner : c'est l'intelligence. Il pourrait faire remarquablement à côté de quelqu'un qui fournirait le caractère. Hélas, Philippe n'est pas Clémenceau.


Pour conclure, mon ami, j'aimerai revenir avec toi sur les raisons de ce désastre sanitaire et des raisons qui feraient prospérer l'épidémie.


Si en 1918, la guerre expliquait à peu près tout. En 2020 la paix n'explique à peu près rien. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette débâcle sanitaire ne peut se comprendre que si l'on entend, en observateur raisonné, en observateur de la nature et de l'expérience, que dans cette époque ci comme dans cette époque là, nous sommes en guerre.


Dans cet intervalle de temps que l'on nomme habituellement la paix, la guerre se déroule au travers de l'économie et du commerce. Ce n'est plus par le fer que s'affronte les nations mais par l'argent. Elles ne conquièrent plus par la force physique, elles ne défendent plus leur liberté par les armes. Non, c'est par l'économie qu'elles se soumettent ou s'affranchissent.


Hobbes affirmait dans Du Citoyen, Negari non potest quin status hominum naturalis antequam in societatem coiretur bellum fuerit; neque hoc simpliciter, sed bellum omnium in omnes. Il ne peut être nié que l'état des Hommes dans la nature, avant de s'unir en société, est la guerre; et non seulement cela, mais une guerre de tous contre tous.


Plus pessimiste que ce philosophe des lumières, je crois, ami, que l'état de l'homme est en toute circonstance, hier comme aujourd'hui, dans la nature comme dans la société, la guerre. Mais cela, ami, je t'en causerai davantage dans la prochaine missive.




Le 06 avril deux-mille-vingt,


Le Citoyen Inconnu



Merci à Bacon, Ben Sira, Bernard, Borrel, Clémenceau,Auguste Comte, Doizy, Dumont, Favre, Hippocrate, Hobbes, Merlin, Poirier de Narçay, Sembat, Varenne.

Merci aux médecins témoins de leur temps.

Merci aux journalistes témoins de leur temps.

Merci aux morts qui composent, plus nombreux que les vivants, la face enfouie de l'humanité.


Sources en ligne:







https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date19181016





https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date19181204










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